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à propos des exportations et des importations. On nous dit que nous avons importé plus que nous n’avons exporté, et que nos importations ont plus de valeur que nos exportations. Je réponds : S’il en est ainsi, tant mieux ! (Applaudissements.)

Ce serait une chose singulière que des marchands exportassent leurs marchandises pour recevoir en retour des produits qui auraient précisément la même valeur ; espérons qu’il y a quelque gain dans l’échange des denrées ; et, si nos importations ont excédé nos exportations^ c’est nous qui avons gagné. Mais, ajoute-t-on, une quantité d’or est sortie du pays, notre numéraire a été exporté et nos intérêts commerciaux en ont souffert. À cela je puis répondre que si la balance, comme on la nomme, a été soldée en numéraire, c’est parce que le numéraire était à cette époque la marchandise la plus convenable et la moins chère que l’on pût exporter, et qu’il y avait plus de bénéfice à l’exporter qu’à exporter les autres marchandises. Voilà tout ! À la vérité, on fait revivre aujourd’hui la vieille doctrine de la balance du commerce. Avant d’avoir lu les articles du Blackwood’s Magazine et de la Quarterly Review, j’espérais qu’elle était morte et enterrée, et qu’elle ne ressusciterait plus ; mais nos adversaires y tiennent ! Je ne vous ferais pas l’injure de défendre davantage devant vous la politique de la liberté commerciale, — laquelle certes n’a pas besoin d’être défendue, — si depuis quelque temps les organes du parti protectionniste ne s’étaient plus que jamais efforcés de donner le change au pays, s’ils n’avaient prétendu que nous nous étions montrés de mauvais prophètes et qu’un grand nombre de nos prévisions n’avaient abouti qu’à des déceptions ; mais il m’est impossible de laisser passer de semblables accusations sans y répondre. Voyons d’abord les prophéties. Avons-nous oublié celles des protectionnistes? Avons-nous oublié qu’ils prédisaient que les bonnes terres de l’Angleterre seraient laissées sans culture si les lois-céréales étaient révoquées (rires) ? que les meilleurs terrains deviendraient des garennes de lapins et des repaires de bêtes fauves ? (Rires.) Avez vous oublié cela ? Avez-vous oublié les menaces alarmantes que proférait un noble duc (le duc de Richmond) en 1839, lorsque j’eus l’honneur de pa-