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tocratie britannique pour retenir les forces qui en ce moment écrasent l’Angleterre ?

Dira-t-elle qu’elle veut conserver les possessions acquises ?

On lui répondra que nul désormais n’est intéressé à les enlever à l’Angleterre, puisque chacun peut en user comme elle, et de plus que l’Angleterre, par le même motif, n’est plus intéressée à les conserver.

Dira-t-elle qu’elle aspire à de nouvelles conquêtes ?

On lui objectera que le moment est singulièrement choisi de courir à de nouvelles conquêtes quand, sous l’inspiration de l’intérêt, d’accord cette fois avec la justice, on renonce à des conquêtes déjà réalisées.

Dira-t-elle qu’il faut s’emparer au moins de positions militaires telles que Gibraltar, Malte, Héligoland ?

On lui répondra que c’est un cercle vicieux ; que ces positions étaient sans doute une partie obligée du système de domination universelle ; mais qu’on ne détruit pas l’ensemble pour en conserver précisément la partie onéreuse.

Fera-t-elle valoir la nécessité de protéger le commerce, dans les régions lointaines, par la présence de forces imposantes ?

On lui dira que le commerce avec des barbares est une déception, s’il coûte plus indirectement qu’il ne vaut directement.

Exposera-t-elle qu’il faut au moins que l’Angleterre se prémunisse contre tout danger d’invasion ?

On lui accordera que cela est juste et utile. Mais on lui fera observer qu’il est de la nature d’un tel danger de s’affaiblir, à mesure que les étrangers auront moins sujet de haïr la politique britannique et que les Anglais auront plus raison de l’aimer.

On dira sans doute que nous nous faisons une trop haute idée de la philanthropie anglaise.