nierai jamais que ce fut la destinée du mien (applaudissements),
— nous n’en sommes pas moins nés sur le sol de l’Angleterre,
et quel que soit le gouvernement qui dirige ses destinées, nous
sommes pénétrés de cette forte conviction qu’il nous doit,
comme aux plus riches et aux plus nobles de nos concitoyens,
impartialité et justice. (Bruyantes acclamations.) Mais enfin
l’industrie se relève, elle regarde autour d’elle, et ne perd pas
de vue ceux qui l’ont jusqu’ici tenue courbée dans la poussière.
L’industrie conquiert, sur les listes électorales, ses droits de
franchise. Ce grand mouvement, cette dernière arme aux mains
de la Ligue, fait et fera encore des miracles en faveur du travail
et du commerce de ce pays. Lorsque je considère les effets
qu’elle a déjà produits, l’enthousiasme qu’elle a excité, il me
semble voir un champ de bataille : le monopole est d’un côté,
et le libre-commerce de, l’autre ; la lutte a été longue et sanglante,
les forces se balancent, la victoire est incertaine, lorsque
une intelligence supérieure jette aux guerriers de la liberté une
armure invulnérable et des traits d’une trempe si exquise que
la résistance de leurs ennemis est devenue impossible. (Tonnerre
d’applaudissements.) C’est une lutte solennelle, une lutte
à mort, une lutte d’homme à homme, de principe à principe.
Mais ne sentons-nous pas grandir notre courage quand nous
venons à considérer le terrain déjà conquis et les dangers déjà
surmontés ? (Acclamations.) Je vous le demande, hommes de
Manchester, vous dont la postérité dira, à votre gloire éternelle,
que dans vos murs fut fondé le berceau de la Ligue, je vous le
demande, ne voulez-vous point vous montrer encore valeureux ?
(Cris : Oui ! oui !) Je sens qu’à chaque pas le terrain se
raffermit sous nos pieds ; que l’ennemi bat en retraite de toutes
parts, et par tout ce que je vois, par tout ce que j’entends,
par la présence de tant de nos concitoyens qui sont venus de
tous les points de l’empire pour nous prêter assistance, je sens
que nous approchons du terme de ce conflit ; et après les travaux,
les périls et les sacrifices de la guerre, viendront enfin,
comme une digne récompense, les douceurs d’une paix éternelle
et dignement acquise. (À la fin du discours de M. Bright
l’assemblée se lève en masse et les applaudissements retentissent
longtemps dans la salle.)
Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/438
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