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d’une violente tempête. (Applaudissements.) Ce gentleman est un noble free-trader dont le nom est Radnor. (L’assemblée se lève en masse et applaudit à outrance.) — Le principe que je voulais établir devant vous est celui-ci : Quand la détresse règne dans le pays, il ne faut pas se contenter, selon le système moderne, de replâtrer, de corriger, de rapiécer, il faut aller à la source du mal et en détruire la cause.


Et ailleurs :


Je n’admets pas qu’on puisse revenir sans cesse sur une règle solidement établie. Si un homme, par exemple, après avoir examiné la Bible, s’est une fois assuré, par l’évidence intérieure et extérieure, que ses pages sont pures et authentiques, il ne peut être reçu à pointiller sur chaque expression particulière, et il doit adhérer à sa conclusion générale et primitive. (Écoutez ! écoutez !) Chaque science prend pour reçus un certain nombre d’axiomes et de définitions. Euclide commence par les établir. Si vous les admettez à l’origine, vous devez les regarder comme établis pendant tout le cours de la démonstration. De même, sir Isaac Newton pose des axiomes et des propositions simples à l’entrée de son livre des Principes. Si nous les lui accordons une fois, il ne faut pas, plus tard, faire porter la discussion sur ce point. Il en est de même pour la liberté commerciale. Reconnaissons-nous que la liberté d’échanger est un des droits de l’homme ; que chacun est admis à tirer pour lui-même le meilleur parti de ses forces dans le marché du monde ; vous ne devez point ensuite dévier de ce principe à chaque occasion particulière. Vous ne pouvez plus dire au peuple : « Tu n’échangeras pas avec la Russie, parce que la conduite de son empereur envers les Polonais n’a pas notre approbation ; tu n’échangeras pas avec tel peuple, parce qu’il est mahométan ; avec tel autre, parce qu’il est idolâtre, et ne rend pas à Dieu le culte qui lui est dû. » Le peuple anglais n’est pas responsable de ces choses. Ma question est celle-ci : Sommes-nous tombés d’accord que la liberté des échanges est fondée sur la justice ? Si cela est, adhérez virilement à ce que vous avez une fois approuvé, soyez