Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/372

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leur industrie ; s’ils déclinent, et tombent sous une telle protection, cela ne prouve-t-il pas qu’ils sont dans une mauvaise voie, et que ce système, si onéreux pour les consommateurs, n’a pas eu les résultats qu’en attendaient ceux-là mêmes en faveur de qui il nous fut imposé ? Il faut voir les choses sous leur vrai jour. Mon honorable ami, M. Milner Gibson, dans sa manière ingénieuse, disait une chose bien juste. Au lieu d’envelopper subrepticement des primes aux monopoleurs, dans un acte du Parlement qui a pour but ostensible d’allouer des subsides à la couronne, votons séparément ces subsides, et si les colons ont de justes droits sur nous à faire valoir, qu’ils les établissent clairement, et accordons-leur aussi séparément ce qui leur est légitimement dû. Mais dès qu’ils se présenteront devant nous dans cette nouvelle attitude, nous aurons à pousser notre enquête au delà du fait matériel de leur détresse. Il faudra savoir s’ils ont convenablement géré leurs propriétés. Quand un homme réunit ses créanciers, et leur déclare qu’il ne peut faire honneur à ses engagements, ils s’enquièrent naturellement des habitudes de cet homme, et ils examinent s’il a conduit ses affaires avec prudence et habileté. Nous poserons quelques questions semblables aux planteurs des Antilles, si vous le voulez bien. Je dis qu’ils sont au-dessous de leurs affaires parce qu’ils les ont dirigées sans habileté et sans économie. Je me rappelle avoir traversé l’Atlantique, il y a sept ans, avec un voyageur très-éclairé et qui avait parcouru toutes les régions du globe où croît la canne à sucre ; il me disait : « Il y a entre la culture et la fabrication du sucre, dans nos colonies occidentales, et celles des pays qui ne jouissent pas du même monopole, autant de différence qu’il peut y en avoir entre vos filatures actuelles et celles dont vous faisiez usage en 1815. » Donc, s’il en est ainsi, je dis : Arrière cette tutelle de la protection qui rend paresseux et impotents ceux qui s’endorment sous son influence. Mettez ces colons sur le pied d’une loyale et parfaite égalité avec leurs concurrents, et qu’ils luttent pour eux-mêmes, sans faveurs et à armes égales, comme nous sommes obligés de le faire nous-mêmes. Gentlemen, j’ai exposé devant vous les motifs qui m’ont déterminé à voter contre l’amende-