Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Monsieur le président, c’est avec bonheur que je vous ai entendu déclarer, à l’ouverture de la séance, que vous étiez résolu à ne jamais ralentir vos efforts jusqu’au triomphe de la liberté commerciale. Je me réjouis de vous entendre exprimer que vous sentez profondément la justice de cette cause, car je sais que cette association et ces meetings ne surgissent pas d’une impulsion nouvelle et soudaine, mais qu’ils sont fondés sur la large et éternelle base de la justice immuable. (Acclamations.) La liberté commerciale n’est pas une question de sous, de shillings et de guinées. C’est une question qui implique les droits de l’homme, le droit, pour chacun, d’acheter et de vendre, le droit d’obtenir une juste rémunération du travail ; et je dis qu’il n’est aucun des droits, pour la protection desquels les gouvernements sont établis, qui soit plus précieux que celui de vivre d’un travail libre de toute entrave et de toute restriction. (Acclamations.)


L’honorable orateur traite longuement la question à ce point de vue.


Je me rappelle que le duc de Richmond disait dans une occasion : « Si l’on abroge les lois-céréales, je quitte le pays, » (Éclats de rire.) On lui répondit : « Au moins vous n’emporterez pas vos terres. » (Nouveaux rires.) Mais considérons la position où se place un homme qui fait une telle déclaration. Qu’est-ce que la loi-céréale ? Quelle est sa nature ? Cela se réduit à ceci : Des gens qui tiennent boutique d’objets de consommation ne veulent pas que d’autres vendent des objets similaires. Le noble duc est grandement engagé dans ce genre d’affaires, et il voudrait bien être une sorte de marchand breveté. (Rires.) Mais je dis que tout Anglais a le même droit que lui d’approvisionner le marché de blé, pourvu qu’il l’ait acquis honnêtement. Comme Anglais, j’ai le droit de vendre du blé que je me suis procuré par l’échange, justement comme le duc de Richmond aie droit de vendre du blé qu’il s’est procuré par la culture. Mais, me dit-on, vous ne devez pas le faire, parce que cela empêcherait le noble duc de tirer un parti aussi avantageux de sa propriété.