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cier combien l’industrie réagit favorablement sur la propriété.


L’orateur entre ici dans quelques détails statistiques sur les étonnants progrès du Lancastre, et poursuit ainsi :


À qui sont dus ces grands changements ? (Acclamations.) Est-ce aux seigneurs terriens? (Non, non.) Il y a quarante-quatre ans que l’antiquaire Whittaker, dans son histoire de Whalley, dépeignait l’état des propriétaires terriens du Lancastre, comme n’ayant subi aucun changement depuis deux siècles. « Ils aiment, disait-il, la vie de famille ; sont sans curiosité et sans ambition. Ils demeurent beaucoup chez eux, et s’occupent d’amusements domestiques peu délicats, mais aussi peu coûteux. » Il ajoute qu’il ne rencontra parmi eux qu’un homme ayant de la littérature. (Rires.) Si tels étaient les propriétaires du Lancashire, ce ne sont donc pas eux qui l’ont fait ce qu’il est. Il existe dans ce comté beaucoup de vieilles demeures, résidences d’anciennes, familles, maintenant éteintes pour la plupart ; elles se sont vu dépasser dans la carrière par une autre classe d’hommes. Leurs habitations sont transformées en manufactures, et elles-mêmes ont été balayées de toute la partie méridionale du comté ; non qu’elles aient souffert la persécution ou la guerre, car elles ont eu les mêmes chances ouvertes à tous les citoyens ; mais, fruges consumere nati, elles n’ont pas jugé nécessaire de cultiver leur intelligence, elles n’ont cru devoir se livrer à aucun travail. D’autres hommes se sont élevés, qui, s’emparant des inventions de Watt et d’Arkwright, dédaignées par les classes nobles, ont effacé les anciens magnats du pays et se sont mis à la tête de cette grande population. (Acclamations.) C’est l’industrie, l’intelligence et la persévérance de ces générations nouvelles qui, en se combinant, ont fait du Lancastre ce que nous le voyons aujourd’hui. Ses minéraux sont inappréciables ; mais gisant depuis des siècles sous la surface de son territoire, il a fallu que des races nouvelles, pleines de sève et de jeunesse, les ramenassent à la lumière, pour les transformer en ces machines puissantes si méprisées