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fait pour inspirer la tristesse que le contentement ; qu’il n’a de valeur que par ce qu’on en retire ; que c’est une terre, en un mot, dont le touriste et l’amateur du pittoresque doivent soigneusement s’éloigner. (Rires et applaudissements.) — Je suis né dans ce comté, j’y ai vécu trente ans ; j’en connais la population, l’industrie et les ressources, et j’ai la conviction, j’ai la certitude qu’il n’y a pas en Angleterre un autre comté qui puisse lui être comparé, et dont l’importance influe au même degré sur le bien-être et la grandeur de l’empire. (Bruyantes acclamations.) C’est certainement le plus populeux, le plus industrieux, le plus riche comté de l’Angleterre. Comment cela est-il arrivé ? Il fut un temps où il présentait un aspect bien différent. On le considérait comme un désert, il y a deux cent quarante ans. Cambden, dans son voyage, traversa le pays de York à Durham, et sur le point de pénétrer dans le Lancastre, son esprit se remplit d’appréhension. « J’approche du Lancastre, écrivait-il, avec une sorte de terreur. » (De notre temps il ne manque pas de gens qui ne pensent aussi au Lancastre qu’avec terreur.) (Rires et applaudissements.) « Puisse-t-elle n’être pas un triste présage ! cependant pour n’avoir pas l’air d’éviter ce pays, je suis décidé à tenter les hasards de l’entreprise, et j’espère que l’assistance de Dieu, qui m’a accompagné jusqu’ici, ne m’abandonnera pas en cette circonstance. » (Écoutez ! écoutez !) Il parle de Rochdale, Bury, Blackburn, Preston, Manchester, comme de villes de quelque industrie ; il mentionne LiverpoolLitherpool, et par abréviation Lerpooly, comme une petite place sur le rivage, bien située pour faire voile vers l’Irlande. Mais il ne dit pas un mot de Ashton, Bolton, Oldham, Salford et autres villes, et il n’y a aucune raison de croire qu’elles étaient connues à cette époque. (Écoutez ! écoutez !) Il n’est pas inutile de consacrer quelques instants à examiner le prodigieux accroissement de valeur qu’a acquis la propriété dans ce comté. En 1692, il y a un siècle et demi, la valeur annuelle était de 7,000 liv. sterl. En 1841, elle était de 6,192,000 liv. sterl. (Bruyantes acclamations.) Ainsi l’accroissement moyen dans ce comté, pendant cent cinquante ans, a été de 6,300 pour cent. Par là les landlords peuvent appré-