avec nos chargements de cotons ; mais nous éprouvons des scrupules
de conscience, des spasmes religieux, et nous ne pouvons
recevoir votre sucre-esclave en retour de notre coton-esclave ?
(Bruyants applaudissements.) Il y a là à la fois inconséquence
et hypocrisie. Croyez-moi, d’habiles fripons se servent du fanatisme
pour imposer au peuple d’Angleterre un lourd fardeau.
(Écoutez ! écoutez !) Ce n’est pas autre chose. Des hommes rusés
et égoïstes exploitent sa crédulité et abusent de ce que sa bienveillance
n’est pas raisonnée. Nous devons en finir avec cette
dictature que la raison ne guide pas. (Applaudissements.) Oseront-ils
dire que je suis l’avocat de l’esclavage, parce que je soutiens
la liberté du commerce ? Non, je proclame ici, comme je
le ferai partout, que deux principes également bons, justes et
vrais, ne peuvent jamais se contrarier l’un l’autre. Si vous me
démontrez que la liberté du commerce est calculée pour favoriser,
propager et perpétuer l’esclavage, alors je m’arrêterai
dans le doute et l’hésitation, j’examinerai laquelle des deux, de
la liberté personnelle ou de la liberté des échanges, est la plus
conforme aux principes de la justice et de la vérité ; et comme
il ne peut y avoir de doute que la possession d’êtres humains,
comme choses ou marchandises, ne soit contraire aux premiers
principes du christianisme, j’en conclurai que l’esclavage est le
pire fléau, et je serai préparé à abandonner la cause de la
liberté commerciale elle-même. (Applaudissements enthousiastes.)
Mais j’ai toujours été d’opinion avec les grands écrivains
qui ont traité ce sujet, avec les Smith, les Burke, les
Franklin, les Hume, — les plus grands penseurs du siècle, —
que le travail esclave est plus coûteux que le travail libre, et
que s’ils étaient livrés à la libre concurrence, celui-ci surmonterait
celui-là.
L’orateur développe cette proposition. Il démontre par plusieurs citations d’enquêtes et de délibérations émanées de la société contre l’esclavage (anti-slavery society), que cette grande association a toujours considéré la libre concurrence comme le moyen le plus efficace de détruire l’es-