a fait dominer les principes sur le tumulte des luttes parlementaires.
Son éloquence et sa modération ont arraché l’admiration
de ses adversaires, et on les aurait vus accourir sous son drapeau
s’ils n’eussent été retenus par les liens des hypothèques et par
la soif indomptable des rentes élevées. Cet homme a demandé
audience aux monopoleurs, et il les a forcés d’entendre sa voix
retentir sous les voûtes de leurs orgueilleux palais ; ils ont été
muets pendant qu’il parlait, et ils sont restés muets quand il
cessait de parler ; car, triste alternative ! ils ne savaient point
répondre et ils ne voulaient pas céder. (Bruyantes acclamations.)
Ayez donc bon courage. Fuyez les piéges, les manœuvres et les
expédients de l’esprit de parti. Laissez aux principes leur propre
poids et leur légitime influence. Quand le jour de l’épreuve
sera venu, soyez justes et ne craignez rien. — Le devoir est à
nous ; les conséquences appartiennent à Dieu. Celui qui suit
les inspirations de sa conscience, les lois de la nature et les
commandements du ciel, peut en toute sécurité abandonner le
reste. Au lit de mort, son esprit revenant sur ses actions passées,
prononcera ce verdict consolant : Tu as vu ton devoir et
tu l’as rempli. — (Applaudissements prolongés.)
Le fauteuil est occupé par un membre de l’aristocratie, lord Kinnaird, un des plus grands propriétaires et des plus savants agronomes de la Grande-Bretagne. Cette circonstance répand un nouvel intérêt sur cette séance. Je n’ai pourtant pas cru devoir traduire le discours du noble lord, tant parce que l’espace et le temps me font défaut, qu’à cause du caractère agricole et pratique de ce discours, qui, quoique très-adapté au but de la Ligue, n’offrirait que peu d’intérêt au public français.
M. Ricardo. (L’orateur se livre à quelques réflexions générales et continue ainsi :) Je viens ici sous l’impression du dégoût et n’espérant plus rien de cette autre enceinte où je me suis