Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/280

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fut une folie, car elle amena le despotisme militaire qui suit toujours la violence. Plus tard, le fils de ce roi viola les lois du pays, et le peuple, instruit par l’expérience, n’abattit pas sa tête, mais se contenta de l’exiler pour avoir foulé aux pieds les droits de la nation. — Ces violentes mesures ne sont plus nécessaires ; elles ne sont plus en harmonie avec notre époque. Ce qui est nécessaire, c’est un effort concerté et public ; cet effort commun qui naît de la sympathie, de l’électricité de l’opinion publique. Oh oui ! cette puissante électricité de l’opinion s’étendra sur tout l’empire. L’Écosse partagera notre enthousiasme ; les classes manufacturières sont déjà debout, les classes agricoles commencent à comprendre qu’elles ont les mêmes intérêts. Le temps approche… il est irrésistible. Ils peuvent tromper çà et là quelques électeurs ; d’autres peuvent être intimidés ; mais l’intelligence publique marche, comme les puissantes vagues de l’Océan. Le tyran des temps anciens ordonna aux flots de s’arrêter, mais les flots s’avancèrent malgré ses ordres et engloutirent l’insensé qui voulait arrêter leurs progrès. — Pour nous, nous n’avons pas besoin d’engloutir les grands seigneurs, nous nous contenterons de leur mouiller la plante des pieds. (Rires.) Mais, vraiment, cette lutte offre un spectacle magnifique ; quel pays sur la surface de la terre aurait pu faire ce que vous avez fait ? L’année dernière, vous avez souscrit 50,000 liv. sterl., c’est le revenu de deux ou trois petits souverains d’Allemagne. Cette année vous aurez 100,000 liv. sterl., et, s’il le faut, vous en aurez le double l’année prochaine. (Applaudissements.) Oui, ce mouvement présente le spectacle d’un majestueux progrès. Chaque jour de nouvelles recrues grossissent nos rangs ; et nous, vétérans de cette grande cause, nous contemplons avec délices et la force toujours croissante de notre armée et l’esprit de paix qui l’anime. — La puissance de l’opinion se manifeste en tous lieux. Les plus violents despotes, à l’exception du monstre Nicolas, s’interdisent ces actes cruels qui leur étaient autrefois familiers. L’esprit de l’Angleterre veille, il ne s’endormira plus jusqu’à ce que le pauvre ait reconquis ses droits et que le riche soit forcé d’être honnête. (L’honorable et docte gentleman s’assoit au bruit d’acclamations véhémentes et prolongées.)