du bien et du vrai. En quelque lieu que la science pénètre, en
quelque lieu que parviennent leurs innombrables écrits, partout
où leurs discours ont éclairé les intelligences et passionné
les cœurs, c’est là qu’est la Ligue. Partout où un infatigable
travail est privé de sa juste rémunération, partout où dans nos
populeuses cités l’ouvrier n’a qu’une insuffisante nourriture à
distribuer à sa famille, partout où, dans nos campagnes, le laboureur
ne peut donner à sa femme et à ses enfants des habits
décents qui leur permettent la fréquentation de l’église, c’est
là qu’est la Ligue, pour relever l’abattement par l’espérance
et inspirer à l’affliction la confiance en des jours meilleurs.
Partout où, dans des contrées lointaines, la fertilité du sol est
frappée d’inertie, partout où la terre est condamnée à une stérilité
artificielle, parce que le monopole s’interpose entre les
libres et volontaires échanges des hommes, c’est là qu’est la Ligue,
promettant au moissonneur de plus abondantes récoltes
et au vigneron de plus riches vendanges. Et partout aussi où se
livrera cette grande lutte sur le terrain électoral, partout où le
génie du monopole opposera ses derniers et convulsifs efforts
au génie de la liberté, c’est là que la Ligue plantera sa tente
pour stimuler les forts et encourager les faibles, saluer le candidat
dévoué aux intérêts sociaux, et montrer que ce pays a
encore une longue carrière de gloire à parcourir. (Applaudissements.)
Et j’espère bien que le résultat de cette élection sera
de montrer au monde que partout où il y a une représentation
qui tient en mains les destinées d’un grand empire, c’est là que
sera aussi l’esprit de la Ligue pour témoigner que la justice,
— non point la justice abstraite, mais la justice réelle envers
toutes les classes, depuis la plus élevée jusqu’à la plus infime,
— que la justice, dis-je, est le guide le plus sûr de la législation,
comme elle est la source la plus abondante de la prospérité nationale.
(Applaudissements prolongés.)
Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/216
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