pourquoi nous disons au pauvre électeur d’y aviser et de voir s’il
ne vaut pas mieux, pour lui, gagner 100 l. s. honnêtement, que
30 sh. en vendant son suffrage. Il est surprenant que l’on ait fait
lois sur lois contre la corruption, qu’on les ait entassées jusqu’à
en faire la risée du peuple, sans qu’on se soit jamais avisé d’un
moyen aussi simple de la déjouer. On raconte que le chancelier
Thurlow, s’embarrassant au milieu des définitions techniques
qu’il voulait donner de la corruption, comme les gens de sa
profession ont coutume de le faire, un plaisant de la Chambre
s’écria : « Ne prenez pas tant de peine ; il n’est aucun de nous
qui ne sache fort bien ce que c’est. » (Éclats de rire.) — Voilà,
Messieurs, ce que nous ferons pour en finir avec la corruption
électorale. Nous ne nous adresserons pas au Parlement, nous
ne lui demanderons pas de casser l’élection ; nous en appellerons
directement à un jury de nos concitoyens. Y a-t-il quelqu’un
qui puisse dire qu’il n’y a pas autant de pureté dans notre
but que dans nos moyens ? Qu’on parle tant qu’on voudra de
notre violence, du caractère révolutionnaire de nos procédés,
nous ne nous sommes jamais écartés des voies légales et paisibles,
etc.
L’orateur, après quelques autres considérations, termine au milieu des applaudissements.
M. Bright lui succède. Le caractère chaleureux de son éloquence a, comme toujours, le privilége d’exciter au plus haut degré l’enthousiasme de l’assemblée.
M. W. J. Fox : Dans le choix important que les électeurs de la cité de Londres vont être appelés à faire sous peu de jours, il est remarquable que le plus solide argument, en faveur d’un des candidats, a été fourni par l’autre. « Si l’on me demandait, a dit M. Baring, vendredi dernier, dans son exposition de principes aux électeurs : Reconnaissez-vous abstractivement la justice de la doctrine de la liberté en matière d’échanges ? je répondrais : Oui. Si l’on me demandait : Désirez-vous voir le commerce dégagé de toutes les entraves qui le restreignent ? je répondrais : Oui. » Voilà les principes proclamés par M. Baring,