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tonnement et d’envie, et pour ses enfants un objet d’orgueil et de délices !


Après quelques autres considérations, l’orateur continue ainsi :


Enfin, je défends la cause de la liberté commerciale au point de vue religieux ; je dis que la misère engendre l’égoïsme, les mauvais penchants, les dissensions domestiques. — Elle engendre l’abattement d’esprit ; elle aboutit au suicide et trop souvent au meurtre. Les liens les plus tendres, les sympathies les plus douces de la vie domestique ont été brisées par la pression de la détresse, par l’impuissance de se procurer des moyens de subsistance au sein du pays ruiné. L’insanité s’en est suivie, et le tombeau prématuré s’est fermé sur ses victimes infortunées[1]. Dans ces circonstances je dis, Monsieur, que les dominateurs de ce monde se sont placés sous une effrayante responsabilité. (Écoutez, écoutez.) C’est pour nous un devoir de chrétiens de secourir le pauvre dans sa souffrance et dans sa détresse ; mais prier pour son soulagement et son bien-être, n’est que la moitié de notre devoir. Nous devons encore plaider sa cause et faire tous nos efforts pour relever sa condition. À cet égard, permettez-moi une citation que je recommande à vos méditations. « Les affections qui cimentent la société ne sont guère moins importantes que les affections domestiques. Le sentiment de l’indépendance et de la dignité personnelle, l’amour de la justice, le respect des droits de la propriété, la satisfaction de notre position sociale, l’attachement éclairé aux institutions qui nous régissent, — ce sont là des éléments essentiels au corps politique, et dont la destruction ne peut être considérée que comme une calamité nationale. Cependant nous les voyons périr autour de nous. Quelque noble répugnance que les classes ouvrières aient montrée à accepter le secours de la paroisse, il n’est que trop vrai que le cœur de plusieurs a été

  1. On sait que le suicide est presque toujours attribué dans les verdicts à la démence, insanity.