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lieu à Newtownards, sur la propriété de lord Londonderry. (Bruyante hilarité.) Faute d’un local assez vaste, la réunion a eu lieu en plein air, malgré la rigueur du temps. — Quelque importantes que soient ces grandes assemblées, la Ligue n’a pas négligé ses autres devoirs. Les professeurs d’économie politique ont continué leurs cours. Dès l’origine, la Ligue a senti combien il était désirable qu’elle concourût de ses efforts à l’avancement d’un bon système d’éducation libérale. Elle aspire à se préparer, pour l’époque où elle devra se dissoudre, d’honorables souvenirs, en guidant le peuple dans ces voies d’utilité publique qu’elle a eu le mérite d’ouvrir. On l’a accusée d’être révolutionnaire ; mais les trois quarts de ses dépenses ont pour but la diffusion des saines doctrines économiques. Si la Ligue est révolutionnaire, Adam Smith et Ricardo étaient des révolutionnaires, et le bureau du commerce (board of tirade) est lui-même rempli de révolutionnaires[1]. (Approbation.) Ce n’est pas ses propres opinions, mais les opinions de ces grands hommes, que la Ligue s’efforce de propager ; elles commencent à dominer dans les esprits et sont destinées à dominer aussi dans les conseils publics, dans quelques mains que tombent le pouvoir et les portefeuilles. — Il faut excuser les personnes que leur intérêt aveugle sur la question du monopole ; mais il est pénible d’avoir à dire que, dans quelques localités, le clergé de l’Église établie n’a pas craint de dégrader son caractère en maudissant les écrits de la Ligue, auxquels il n’a ni le talent ni le courage de répon-

  1. Le Board of trade est une sorte de ministère du commerce. Son président est membre du cabinet. — C’est dans ce bureau, c’est grâce aux lumières de ses membres, MM. Porter, Deacon Hume, M’Grégor, que s’est préparée la révolution douanière qui s’accomplit en Angleterre. Nous traduisons à la fin de ce volume le remarquable interrogatoire de M. Deacon Hume, sur lequel nous appelons l’attention du lecteur.