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calomnie, que M. Bailey est engagé dans une société d’assassins ? Il est temps de rejeter, à la face des calomniateurs de haut et de bas étage, ces fausses imputations ; et j’ai honte de ne l’avoir pas fait plus tôt. (Approbation.) — La Ligue, le pays, l’univers entier, doivent une reconnaissance profonde aux ministres dissidents pour leur coopération à notre grande cause. (Bruyantes acclamations.) Il y a deux ans, sur l’invitation de leurs frères, sept cents ministres de ce corps respectable se réunirent à Manchester pour protester contre les lois-céréales, contre ce Code de la famine ; et il est à ma connaissance, que quelques-uns d’entre eux se sont éloignés de plus de deux cents milles de leurs résidences pour concourir à cette protestation. Quand des hommes ont montré un tel dévouement, je rougirais de moi-même si, par la considération d’obligations passées, j’hésitais à me lever pour les défendre. (Acclamations.) Mais nous avons perdu assez de temps au sujet du noble lord. Je pourrais gémir sur sa destinée, quand je compare ce qu’il est à ce qu’il a été. (Écoutez ! écoutez !) Je n’ai pas oublié ce temps où, encore enfant, je me plaisais à fréquenter les cours de judicature, pour contempler, pour entendre celui que je regardais comme un fils prédestiné de la vieille Angleterre. Avec quel enthousiasme ne me suis-je pas abreuvé de son éloquence ! avec quel orgueil patriotique n’ai-je pas suivi, mesuré tous ses pas vers les hautes régions où il est parvenu ! Et qu’est-il maintenant ? hélas ! un nouvel exemple, un triste, mais éclatant exemple du naufrage qui attend toute intelligence que ne préserve pas la rectitude morale. (Applaudissements.) Oui, nous pourrions le comparer à ces ruines majestueuses, qui, désormais, loin d’offrir un sûr abri au voyageur, menacent de destruction quiconque ose se reposer sous leur ombre. J’en finis avec ce sujet, sur lequel je n’aurais pas détourné votre attention, si je n’y avais été provoqué, et j’arrive à l’objet principal de cette réunion.

Qu’est-ce que les lois-céréales ? Vous pûtes le comprendre à Londres, le jour où elles furent votées. Il n’y eut pas alors (1815) un ouvrier qui ne pressentît les maux horribles qui en sont sortis. Il en est beaucoup parmi vous à qui je n’ai pas besoin de rappeler cette funèbre histoire ; la chambre des communes, sous la