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fort pour cette conduite et pour ces actes. Il ne s’est pas prononcé une parole, — et je désire qu’on comprenne bien toute la portée de cette déclaration, — il n’a pas été prononcé une seule parole par un ministre de la religion dans nos assemblées et nos conférences, dont je ne sois prêt à accepter toute la responsabilité, pourvu qu’on ne lui prête qu’une interprétation honnête et loyale… J’ai été blâmé de n’avoir pas récusé le langage du Rév. M. Bailey de Sheffield. J’ai été accusé d’être son complice, parce que je ne m’étais pas levé pour répudier l’imputation dirigée contre lui d’avoir excité le peuple de ce pays à commettre un meurtre. — Eh, mon Dieu ! cela ne m’est pas plus venu dans la pensée que d’aller trouver le lord-maire, pour cautionner M. Bailey contre une accusation de cannibalisme. M. Bailey, objet de ces imputations, à travers lesquelles perce le désir d’atteindre et de détruire la Ligue, est environné de respect et de confiance par une nombreuse congrégation de chrétiens qui le soutiennent par des cotisations volontaires. (Bruyants applaudissements.) C’est un homme de zèle ardent, de sentiments élevés, un cœur chaud et ami du bien public. Il y a longtemps qu’il s’est dévoué à une œuvre qui n’a pas d’exemple dans ce pays, la fondation d’un collége pour les classes laborieuses. C’est un homme d’un talent remarquable, supérieur. — Mais à travers ces belles qualités, il peut manquer de ce tact, de cette discrétion qui nous est si nécessaire, à nous qui savons à quelle sorte d’ennemis et de faux amis nous avons affaire. Il n’eut pas plutôt prononcé le discours, qui a été si insidieusement commenté, que je l’avertis de ce qui l’attendait. Mais ne souffrons pas que ses paroles soient défigurées. M. Bailey venait d’avancer que la dépression morale du peuple de Sheffield était la conséquence de sa détérioration physique. Pour établir son argumentation, pour montrer la profonde désaffection des basses classes, il a dit qu’un homme s’était vanté d’appartenir à une société de cent personnes, qui devaient tirer au sort pour savoir qui serait chargé d’assassiner le premier ministre. M. Bailey a exprimé son indignation à cet égard, en termes énergiques, et cela était à peine nécessaire. Et voilà ce dont on s’empare pour insinuer, par une basse