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lois restrictives ajoutent un grain de plus aux récoltes, ou qu’elles rendent la distribution des subsistances plus uniforme et plus équitable.


15. — HAUSSE DES ALIMENTS, BAISSE DES SALAIRES.


21 Mars 1847.


Quelle est l’influence du prix des aliments sur le taux des salaires ?

C’est un point sur lequel les partisans de la liberté et ceux de la restriction diffèrent complétement.

Les protectionnistes disent :

Quand les aliments sont chers, on est bien obligé de payer de forts salaires, car il faut que l’ouvrier vive. La concurrence réduit la classe ouvrière à se contenter des simples moyens de subsistance. Si celle-ci renchérit, il faut bien que le salaire s’élève. Aussi M. Bugeaud disait : Que le pain et la viande soient chers, tout le monde sera heureux.

Par la même raison, selon ces messieurs, le bon marché de la subsistance entraîne le bon marché des salaires. C’est sur ce principe qu’ils disent et répètent tous les jours que les manufacturiers anglais n’ont renversé les lois-céréales que pour réduire, dans la même proportion, le prix de la main-d’œuvre.

Remarquons en passant que, si ce raisonnement était fondé, la classe ouvrière serait entièrement désintéressée dans tout ce qui arrive en ce monde. Que les restrictions ou les intempéries, ou ces deux fléaux réunis, renchérissent le pain, peu lui importe : le salaire se mettra au niveau. Que la liberté ou la récolte amène l’abondance et la baisse, peu lui importe encore : le salaire suivra cette dépression.

Les libre-échangistes répondent :