merce, elle est accompagnée, comme tout ce qui est brusque et imprévu, d’inconvénients accessoires dont on ne tient pas assez compte.
Dernièrement, vingt navires furent frétés pour aller charger du maïs à Bayonne. En arrivant dans ce port, les chargeurs signifièrent aux capitaines une ordonnance qui défendait l’exportation du maïs, ou, qui pis est, la soumettait à un droit de 17 fr. par hectolitre ; et, par ce motif, ils voulurent se dispenser d’expédier. Mais les capitaines répondirent : Il n’y a pas force majeure ; acquittez le droit et chargez. Force a été de donner à ceux-ci l’indemnité qu’ils ont exigée, et peut-être en faudra-t-il faire autant envers les destinataires, qui se croiront en droit d’exiger l’exécution des marchés.
Comme le maïs a été très-abondant dans le sud-ouest de la France, le prix en était peu élevé. La défense d’exportation survenue, le prix baissa encore. Alors, les négociants s’avisèrent de faire des marchés à Rouen, à Nantes, à Paris, ce que facilita beaucoup l’énorme différence qui existait entre le cours du maïs et celui du froment.
Ces négociants reviennent à Bayonne exécuter les achats. En arrivant, ils apprennent que les sévères lois de la boulangerie ont été bouleversées, que le mélange de la farine de maïs avec celle de froment a été autorisé, que, par suite de cette résolution aussi subite qu’imprévue, le prix du maïs s’est élevé de 5 à 6 fr. par hectolitre, et que leurs marchés sont devenus inexécutables ou ruineux. Croit-on que le commerce mis, par ces brusques revirements de législation, dans l’impossibilité de rien prévoir, soit très-disposé à remplir sa tâche bienfaisante, qui est de distribuer les produits de la manière la plus uniforme ?
Nous pourrions faire des réflexions analogues au sujet de la détermination qui a été prise par un très-grand nombre de villes d’assurer leurs approvisionnements pour six mois.