Nous nous proposons d’exposer les effets de cette législation en Angleterre. On sait que l’échelle mobile était la même, quant au principe, des deux côtés de la Manche. Il n’y avait de différence que dans le degré. La loi française ne place pas aussi haut que la loi anglaise le taux normal du blé. Toutes deux ont donc dû opérer dans le même sens, quoique avec des intensités différentes ; et, si nous découvrons les conséquences de l’une, nous pourrons nous tenir pour assurés que les conséquences de l’autre ont été analogues, quoique moins tranchées. C’est un pendule observé au point le plus éloigné du pivot, parce que c’est là que les oscillations sont le plus sensibles. Mais nous avons la certitude que, sur tous les autres points de la tige, les oscillations sont exactement proportionnelles. Un autre motif nous détermine à étudier l’échelle mobile par les effets qu’elle a produits en Angleterre. C’est tout simplement que la statistique anglaise nous offre plus de matériaux que celle de notre pays.
Pendant les dernières années de la guerre, le prix du blé s’était maintenu en Angleterre à 106 et jusqu’à 122 sh. le quarter. — En 1814, il tomba à 72 sh., et en 1815, à 63 sh. Ces prix, si inférieurs à ceux auxquels on était habitué, effrayèrent les agriculteurs. Le gouvernement conçut l’idée de maintenir le blé, par l’intervention de la loi, à un taux normal. Il procéda à une enquête, consulta les propriétaires et les fermiers. Ceux-ci, alléguant la cherté des terres, la pesanteur des taxes, le haut prix de la main-d’œuvre, etc., affirmèrent que le vrai prix de revient du blé en Angleterre était de 90 à 100 sh. C’est sur cette donnée que fut basée la loi de 1815. Elle disposa que le blé étranger serait entièrement prohibé, tant que le blé indigène n’aurait pas persévéré, pendant trois mois, à un taux moyen de 80 sh. (Le quarter = 200 litres 78/100.)
La promesse légale d’un prix aussi élevé eut bientôt ses effets naturels. L’on fonda sur la culture des céréales de