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s’ôte la faculté de débattre le sacrifice qu’il veut faire en échange de ces services, il se prive du droit de les refuser ; il diminue la sphère de sa liberté.

On ne peut multiplier les fonctionnaires sans multiplier les fonctions. Ce serait trop criant. Or, multiplier les fonctions, c’est multiplier les atteintes à la liberté.

Comment un monarque peut-il confisquer la liberté des cultes ? En ayant un clergé à gages.

Comment peut-il confisquer la liberté de l’enseignement ? En ayant une université à gages.

Que propose-t-on aujourd’hui ? De faire le commerce et les transports par des fonctionnaires publics. Si ce plan se réalise, nous payerons plus d’impôts, et nous seront moins libres.

Vous voyez donc bien que, sous des apparences philanthropiques, le système qu’on préconise aujourd’hui est illusoire, injuste, qu’il détruit la sécurité, qu’il nuit à la formation des capitaux et, par là, à l’accroissement des salaires, enfin, qu’il porte atteinte à la liberté des citoyens.

Je pourrais lui adresser bien d’autres reproches. Il me serait facile de prouver qu’il est un obstacle insurmontable à tout progrès, parce qu’il paralyse le ressort même du progrès, la vigilance de l’intérêt privé.

Quels sont les modes d’activité humaine qui offrent le spectacle de la stagnation la plus complète ? Ne sont-ce pas précisément ceux qui sont confiés aux services publics ? Voyez l’enseignement. Il en est encore où il en était au moyen âge. Il n’est pas sorti de l’étude de deux langues mortes, étude si rationnelle autrefois, et si irrationnelle aujourd’hui. Non-seulement on enseigne les mêmes choses, mais on les enseigne par les mêmes méthodes. Quelle industrie, excepté celle-là, en est restée où elle en était il y a cinq siècles ?

Je pourrais accuser aussi l’exagération de l’impôt et la