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Qu’on ne se méprenne pas à mes paroles. Je n’entends pas ici condamner l’association volontaire. Je crois sincèrement que l’association fera faire de grands progrès en tous sens à l’humanité. Des essais sont faits en ce moment, notamment par l’administration du chemin du Nord et celle du journal la Presse. Qui pourrait blâmer ces tentatives ? Moi-même, avant d’avoir jamais entendu parler de l’école sociétaire, j’avais conçu un projet d’association agricole destiné à perfectionner le métayage. Des raisons de santé m’ont seules détourné de cette entreprise.

Mes doutes ont pour objet, ou, pour parler franchement, ma conviction énergique repousse de toutes ses forces cette tendance manifeste, que vous avez sans doute remarquée, qui vous entraîne aussi peut-être, à invoquer en toutes choses l’intervention de l’État, c’est-à-dire la réalisation de nos utopies, ou, si l’on veut, de nos systèmes, avec la contrainte légale pour principe, et l’argent du public pour moyen.

On a beau inscrire sur son drapeau Association volontaire, je dis que lorsqu’on appelle à son aide la loi et l’impôt, l’enseigne est aussi menteuse qu’elle puisse l’être, puisqu’il n’y a plus alors ni association ni volonté.

Je m’attacherai à démontrer que l’intervention exagérée de l’État ne peut accroître le bien-être des masses, et qu’elle tend au contraire à le diminuer ;

Qu’elle efface le premier mot de notre devise républicaine, le mot liberté ;

Que si elle est fausse en principe, elle est particulièrement dangereuse pour la France, et qu’elle menace d’engloutir, dans un grand et irréparable désastre, et les fortunes particulières, et la fortune publique, et le sort des classes ouvrières, et les institutions, et la République.

Je dis, d’abord, que les promesses de ce déplorable système sont illusoires.