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68. — PETITES AFFICHES DE JACQUES BONHOMME[1].


12 Mars 1848.


I


soulagement immédiat du peuple.


Peuple,


On te dit : « Tu n’as pas assez pour vivre ; que l’État y ajoute ce qui manque. » Qui ne le voudrait, si cela était possible ?

Mais, hélas ! La caisse du percepteur n’est pas l’urne de Cana.

Quand notre seigneur mettait un litre de vin dans cette urne, il en sortait deux ; mais quand tu mets cent sous dans la caisse du buraliste, il n’en sort pas dix francs ; il n’en sort même pas cent sous, car le buraliste en garde quelques-uns pour lui.

Comment donc ce procédé augmenterait-il ton travail ou ton salaire ?

Ce qu’on te conseille se réduit à ceci : Tu donneras cinq francs à l’État contre rien, et l’État te donnera quatre francs contre ton travail. Marché de dupe.

Peuple, comment l’État pourra-t-il te faire vivre, puisque c’est toi qui fait vivre l’État ?

Voilà le mécanisme des ateliers de charité réduits en système[2] :

  1. Parmi les nombreux journaux que fit éclore le 24 Février 1848, et qui n’eurent qu’une existence éphémère, il faut compter le Jacques Bonhomme, à la rédaction duquel Bastiat donna son concours. Cette feuille, qui aspirait à éclairer le peuple, contenait un article final destiné à être affiché et mis ainsi gratuitement sous les yeux des passants. (Note de l’éditeur.)
  2. Jacques Bonhomme n’entend pas critiquer les mesures d’urgence.