Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/447

Cette page a été validée par deux contributeurs.

faire d’une rive à l’autre de la Bidassoa. J’admets que vos charrettes traversent librement le pont, pourvu qu’elles y arrivent pleines de ce côté-ci (montrant la France), et vides de ce côté-là (montrant l’Espagne). Par cet ingénieux arrangement, vous gagnerez tous : vous, Espagnols, parce que vous recevrez sans donner, et vous, Français, parce que vous donnerez sans recevoir. Surtout ne prenez pas ceci pour un système. »

Les Basques ont la tête dure. On a beau leur répéter : Ceci n’est pas un système, une théorie, une utopie, un principe ; ces précautions oratoires n’ont pas le pouvoir de leur faire comprendre ce qui est inintelligible. Aussi, malgré les beaux conseils du professeur, quand on le leur permet (et même quelquefois quand on ne le leur permet pas), ils échangent selon l’ancienne méthode (qu’on dit nouvelle), c’est-à-dire comme échangeaient leurs pères, et quand ils ne le peuvent faire par-dessus la Bidassoa, ils le font par-dessous, tant ils sont aveugles !


65. — L’INDISCRET.


12 Décembre 1847.


Protection à l’industrie nationale ! Protection au travail national ! Il faut avoir l’esprit bien de travers et le cœur bien pervers pour décrier une si belle et bonne chose.

— Oui, certes, si nous étions bien convaincus que la protection, telle que l’a décrétée la Chambre du double vote, a augmenté le bien-être de tous les Français, nous compris ; si nous pensions que l’urne de la Chambre du double vote, plus merveilleuse que celle de Cana, a opéré le miracle de la multiplication des aliments, des vêtements, des moyens de travail, de locomotion et d’instruction, — en un