Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/419

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Revenant au traité de Méthuen, je dis : La nation portugaise ne prend aux Anglais du drap contre du vin que parce qu’une quantité donnée de travail lui donne en définitive, par ce procédé, plus de vin à la fois et plus de drap. Après tout, elle échange parce qu’elle veut échanger. Il n’était pas besoin d’un traité pour l’y décider. Remarquez même qu’un traité, dans le sens de l’échange, ne peut être que la destruction de conventions contraires ; si bien que, lorsqu’il arrive à stipuler le libre-échange, il ne stipule plus rien du tout. Il se borne à laisser les parties stipuler pour elles-mêmes. — Le traité de Méthuen ne dit pas : Les Portugais seront forcés de donner du vin pour du drap. Il dit : Les Portugais prendront du drap contre du vin, s’ils veulent.


— … Ah ! ah ! ah ! Vous ne savez pas ?

— Pas encore.

— Je suis allé tout seul à l’île du Désespoir. Robinson est ruiné.

— En êtes-vous bien sûr ?

— Il est ruiné, vous dis-je.

— Et depuis quand ?

— Depuis qu’il donne des légumes contre des vêtements.

— Et pourquoi continue-t-il ?

— Ne savez-vous pas l’arrangement qu’il fit autrefois avec l’insulaire du voisinage ?

— Cet arrangement lui permet de prendre des habits contre des légumes, mais ne l’y force pas.

— Sans doute, mais ce coquin d’insulaire a tant de peaux à sa disposition, il est si habile à les préparer et à les coudre, en un mot, il donne tant d’habits pour si peu de légumes, que Robinson ne résiste pas à la tentation. Il est bien malheureux de n’avoir pas au-dessus de lui un état qui dirigerait sa conduite.