d’un Allemand, pourquoi ne vous laisserait-elle pas choisir entre du drap français et du drap belge ?
— Que faut-il donc faire ?
— D’abord, n’avoir pas peur du libre-échange.
— Dites l’échange libre, c’est moins effrayant. Et ensuite ?
— Ensuite, vous l’avez dit : demander liberté pour tous ou protection pour tous.
— Et comment diable voulez-vous que la douane protége un avocat, un médecin, un artiste, un pauvre ouvrier ?
— C’est parce qu’elle ne le peut pas qu’elle ne doit protéger personne ; car favoriser les ventes de l’un, c’est nécessairement grever les achats de l’autre[1].
On a fait de l’économie politique une science pleine de subtilités et de mystères. Rien ne s’y passe naturellement. On la dédaigne, on la persifle aussitôt qu’elle s’avise de donner à un phénomène simple une explication simple.
— Le Portugal est pauvre, dit-on ; d’où cela vient-il ?
— De ce que les Portugais sont inertes, paresseux, imprévoyants, mal administrés, répond-elle.
— Non, réplique-t-on, c’est l’échange qui fait tout le mal ; — c’est le traité de Méthuen, l’invasion des draps anglais à bon marché, l’épuisement du numéraire, etc.
Puis on ajoute : Les Anglais travaillent beaucoup, et cependant il y a beaucoup de pauvres parmi eux ; comment cela se peut-il ?
- ↑ V. la fin du no 41, pages 244 et 245, et le no 53, page 359. (Note de l’éditeur.)