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dustrie, celle-ci doit suivre toujours une voie funeste.

Or, je le demande, le sol, le soleil de la France, sa position géographique, la constitution de son régime foncier, le génie de ses habitants justifient-ils des mesures coercitives, par lesquelles on pousserait la population des travaux agricoles aux travaux manufacturiers et du champ à l’usine ? Si la fabrication était plus profitable, on n’avait pas besoin de ces mesures coercitives. Le profit a assez d’attrait par lui-même. Si elle l’est moins, — en déplaçant les capitaux et le travail, en faisant violence à la nature physique et intellectuelle des hommes, on n’a fait qu’appauvrir la nation.

Je ne m’attacherai pas à démontrer que la France est essentiellement un pays agricole ; aussi bien, je ne me rappelle pas avoir jamais entendu mettre cette proposition en doute. Je n’entends pas dire que toutes les fabriques, tous les arts doivent en être bannis. Qui pourrait avoir une telle pensée ? Je dis qu’abandonnée à ses instincts, à sa pente, à son impulsion naturelle, — les capitaux, les bras, les facultés se distribueraient entre tous les modes d’activité humaine, agriculture, fabrication, arts libéraux, commerce, navigation, exertions intellectuelles et morales, dans des proportions toujours harmoniques, toujours calculées pour faire sortir de chaque effort le plus grand bien du plus grand nombre. J’ajoute, sans crainte d’être contredit, que, dans cet ordre naturel de choses, l’agriculture et la fabrication seraient entre elles dans le rapport du principal à l’accessoire, quoiqu’il en puisse être tout différemment en Angleterre.

On nous accuse, nous partisans du libre-échange, de copier servilement un exemple venu d’Angleterre. Mais si jamais imitation a été servile, maladroite, inintelligente, c’est assurément le régime que nous combattons, le régime protecteur.

Examinons-en les effets sur l’agriculture française.

Tous les agronomes (je ne dis pas les agronomanes, ceux-