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feriez rien du tout, si vous pouviez la faire servir à protéger également tout le monde.

— Aussi ne l’appliquons-nous qu’à protéger quelques-uns.

— C’est ce que vous pouvez très-bien faire par mon procédé. Il suffit de désigner d’avance les classes qui seront exclues, quand on partagera les fonds de la tontine, pour que la part des autres soit plus grosse.

— Ce serait une horrible injustice.

— Vous la commettez bien maintenant.

— Du moins, nous ne nous en apercevons pas.

— Ni le public non plus. Voilà pourquoi elle se commet.

— Que faut-il donc faire ?

— Protéger tout le monde, ou ne protéger personne.


54. — DEUX PRINCIPES.


7 Février 1847.


— Je viens de lire un chef-d’œuvre sur le libre-échange.

— Qu’en pensez-vous ?

— J’en penserais tout le bien possible, si je n’avais lu immédiatement après un chef-d’œuvre sur la protection.

— Vous donnez donc la préférence à ce dernier ?

— Oui ; si je n’avais lu le premier immédiatement avant.

— Mais enfin, lequel des deux vous a convaincu ?

— Ni l’un ni l’autre, ou plutôt l’un et l’autre ; car, arrivé au bout, je disais comme Henri IV sortant du plaid : Ils ont, ma foi, tous deux raison.

— En sorte que vous n’en êtes pas plus avancé ?

— Heureux si je n’étais pas plus reculé ! car il m’est ensuite tombé sous la main un troisième factum, intitulé : Contradictions économiques, où Liberté et Non-Liberté Pro-