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taux des salaires ; et, si elle ne le peut pas, qu’elle les laisse librement s’échanger les uns contre les autres.


52. — L’ÉCONOMIE POLITIQUE DES GÉNÉRAUX.


20 Juin 1847.


Lorsque, au sein du Parlement, il arrive à un financier, s’aventurant dans la science de Jomini, de faire manœuvrer des escadrons, il se peut qu’il attire le sourire sur les lèvres de MM. les généraux. Il n’est pas surprenant non plus que MM. les généraux fassent quelquefois de l’économie politique peu intelligible pour les hommes qui se sont occupés de cette branche des connaissances humaines.

Il y a cependant cette différence entre la stratégie et l’économie politique. L’une est une science spéciale ; il suffit que les militaires la sachent. L’autre, comme la morale, comme l’hygiène, est une science générale, sur laquelle il est à désirer que chacun ait des idées justes. (V. tome IV, page 122.)

Le général Lamoricière, dans un discours auquel, sous d’autres rapports, nous rendrons pleinement justice, a émis une théorie des débouchés que nous ne pouvons laisser passer sans commentaires.


« Au point de vue de l’économie politique pure, a dit l’honorable général, les débouchés sont quelque chose : dans le temps qui court, on dépense de l’argent et même des hommes pour conserver ou pour conquérir des débouchés. Or, dans la situation de la France sur le marché du monde, n’est-ce donc pas quelque chose pour elle qu’un débouché de 63 millions de produits français ? La France envoie en Afrique pour 17 millions de cotons tissés, 7 ou 8 millions de vins, etc. »


Il n’est que trop vrai que, dans le temps qui court, on dépense de l’argent et même des hommes pour conquérir des débouchés ; mais, nous en demandons pardon au général Lamoricière, loin que ce soit au nom de l’économie poli-