Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/355

Cette page a été validée par deux contributeurs.

50. — DE LA MODÉRATION.




22 Mai 1847.


On nous reproche d’être absolus, exagérés, et cette imputation, soigneusement propagée par nos adversaires, a été reproduite par des hommes auxquels leurs talents et leur haute position donnent de l’autorité, par M. Charles Dupin, pair de France, et M. Cunin-Gridaine, ministre.

Et cela parce que nous avons l’audace de penser que vouloir enrichir les hommes en les entravant, et resserrer les liens sociaux en isolant les nations, c’est une vaine et folle entreprise. — Que la perception des taxes ne se puisse établir sans qu’il en résulte quelque entrave à la liberté des transactions comme à celle du travail, nous le comprenons. Alors ces restrictions incidentes sont un des inconvénients de l’impôt, et ces inconvénients peuvent être tels qu’ils fassent renoncer à l’impôt lui-même. — Mais voir dans les restrictions la source de la richesse et la cause du bien-être ; sur cette donnée, les renforcer et les multiplier systématiquement, non plus pour remplir le trésor, mais aux frais du trésor ; croire que les restrictions ont en elles une vertu productive, qu’il en sort un travail plus intense, mieux réparti, plus assuré de sa rémunération, plus capable d’égaliser les profits, c’est là une théorie absurde, qui ne pouvait