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Nous ne pouvons donc accepter de tels conseils. Notre arme n’est pas l’habileté, mais la raison et la bonne foi. Nous attaquons le principe protecteur, parce que c’est lui qui soutient tout l’édifice ; et nous l’attaquons dans l’opinion publique, parce que c’est là qu’il a sa racine et sa force. — La lutte sera longue, dit-on ; cela ne prouve autre chose, sinon que ce principe est fortement enraciné. En ce cas, la lutte serait bien plus longue encore, et même interminable, si nous évitions de le toucher.

Hommes pratiques qui nous offrez ce beau plan de campagne, qui nous conseillez d’appeler à notre aide les monopoleurs eux-mêmes, dites-nous donc comment libre-échangistes et protectionnistes pourraient s’entendre et marcher ensemble seulement pendant vingt-quatre heures ? Ne voyez-vous pas qu’à la première parole, au premier argument, l’association serait rompue ? Ne voyez-vous pas que les concessions de principe, par lesquelles nous aurions dû nécessairement passer pour maintenir un moment cette monstrueuse alliance, nous feraient bientôt tomber, aux yeux de tous, au rang des hommes sans consistance et sans dignité ? Qui resterait alors pour défendre la liberté ? D’autres hommes, direz-vous. — Oui, d’autres hommes, qui auraient appris par notre exemple le danger des alliances impossibles, et qui feraient précisément ce que vous nous reprochez de faire.

On voudrait encore que nous indiquassions, dans les moindres détails, la manière dont il faut opérer la réforme, le temps qu’il y faut consacrer, les articles par lesquels il faut commencer.

Véritablement ce n’est pas notre mission.

Nous ne sommes pas législateurs.

Nous ne sommes pas le gouvernement.

Notre déclaration de principes n’est pas un projet de loi et notre programme se borne à montrer, en vue d’éclairer