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de la propagande ? Parlez aux hommes de leurs intérêts, montrez-leur comment le monopole les ruine. — Et moi je dis que c’est surtout la question de justice qui passionne les masses. J’ai du moins cette foi dans mon siècle et dans mon pays. — Et voilà pourquoi, tant que ma main pourra tenir une plume ou mes lèvres proférer un son, je ne cesserai de crier : Justice pour tous ! liberté pour tous ! égalité devant la loi pour tous ![1] »


44. — TROISIÈME DISCOURS.


Prononcé le 3 juillet 1847, à la salle Taranne, devant une réunion de jeunes gens appartenant presque tous à l’école de droit.



Messieurs,


J’ai ardemment désiré me trouver au milieu de vous. Bien souvent quand, sur des matières qui intéressent l’humanité, je sentais dans mon esprit l’évidence, et dans mon cœur ce besoin d’expansion inséparable de toute foi, je me disais : Que ne puis-je parler devant la jeunesse des écoles ! — car la parole est une semence qui germe et fructifie surtout dans les jeunes intelligences. Plus on observe les procédés de la nature, plus on admire leur harmonieux enchaînement. Il est bien clair, par exemple, que le besoin d’instruction se fait sentir surtout au début de la vie. Aussi, voyez avec quelle merveilleuse industrie elle a placé, dans cette période, la faculté et le désir d’apprendre, non-seulement la souplesse des organes, la fraîcheur de la mémoire, la promptitude de la conception, la puissance d’attention, et ces qualités pour ainsi dire physiologiques, qui sont l’heureux privilége de votre âge, mais encore cette condition

  1. V. tome IV, pages 538 et suiv.(Note de l’éditeur.)