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garchie : il ne le fera pas ; car quand on soutient une mauvaise cause, ce qu’il faut surtout empêcher, c’est que la lumière ne se fasse.

Aussi, nous sommes quelquefois surpris que le comité protectionniste permette au Moniteur industriel de soutenir la discussion. Quand on a tort, la discussion ne vaut rien. Il eût été plus prudent de suivre les bons conseils du Journal d’Elbeuf (quoique le Journal d’Elbeuf ne les suive pas toujours lui-même) et de faire entrer aussi le Moniteur industriel dans la conspiration du silence.

Discutons donc avec le Moniteur industriel la question des armements.

Il fait à ce sujet un long article qui se termine ainsi :


« En résumé, les armements de l’Angleterre que les libre-échangistes s’efforcent de présenter comme en contradiction avec sa conduite économique, participent au contraire du même esprit et tendent au même but : le Libre-Échange a été une campagne dirigée par l’industrie britannique contre l’industrie étrangère, et les armements ont pour but d’obtenir à un jour donné par la force ce qu’elle n’aura pu obtenir par la propagande, à l’aide de l’esprit d’imitation. »


Que de choses à relever dans ces quelques lignes !

Singulière campagne de l’industrie britannique contre l’industrie étrangère, laquelle s’est terminée par l’abolition des droits sur les céréales, les bestiaux, le beurre, le fromage, la laine et tous les produits agricoles ! L’Angleterre a donc espéré par là inonder le monde de blé, de viande, de laine et de beurre ?

Singulière propagande que celle de la ligue qui a agité pendant sept ans les Trois-Royaumes, sans que personne en France en sût rien ! (V. l’introduction du tome III.)

Mais le principal paradoxe du Moniteur consiste surtout à représenter l’Angleterre comme agissant sous l’influence d’une pensée unique et unanime. Le Moniteur ne veut pas voir, ou du moins il ne veut pas convenir qu’il y a deux Angleterres : l’une qui exploite et l’autre qui est exploitée :