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se laisseront sommer d’accroître le personnel et le matériel de guerre. Ils auront l’air de céder à des exigences irrésistibles, et puis ils viendront dire : « Vous voyez bien qu’on ne peut toucher ni au sel ni à la poste. Bien au contraire, c’est le moment d’inventer de nouveaux impôts ; difficile problème, mais nous avons parmi nous d’habiles financiers. »

Il nous semble qu’il y a quelques hommes qui doivent rire dans leur barbe de tout ceci.

D’abord ceux qui, dans les deux pays, vivent sur le développement de la force brutale ; ceux à qui les mésintelligences internationales, les intrigues diplomatiques et les préjugés des peuples, ouvrent la carrière des places, des grades, des croix, des avancements, de la fortune, du pouvoir et de la gloire.

Ensuite, les monopoleurs. Outre que leurs priviléges ont d’autant plus de chances de durée que les peuples, redoutant la guerre, n’osent pas se fier les uns aux autres pour leurs approvisionnements, quel beau thème pour le British-Lion et le Moniteur industriel, son confrère, si le free-trade aboutissait momentanément à cette mystification de faire courir les nations aux armes.

Enfin les gouvernements, s’il en est qui cherchent à exploiter le public, à multiplier le nombre de leurs créatures, ne seront pas fâchés non plus de cette belle occasion de disposer de plus de places, de plus d’argent et de plus de forces. Qu’on aille après leur demander des réformes : on trouvera à qui parler.

Nous avons la ferme confiance que cette ridicule panique, qui a agité un moment l’Angleterre, est un mouvement factice dont il n’est pas bien difficile de deviner l’origine. Nous ne doutons pas qu’elle ne se dissipe devant le bon sens public, et nous en avons pour garants les organes les plus accrédités de l’opinion, entre autres le