Nous croyons, nous, qu’elle est fausse et mauvaise : mauvaise pour l’Angleterre elle-même, surtout pour elle ; qu’elle devait aboutir à la mettre en guerre avec le genre humain, à lui créer des résistances sur tous les points du globe, à tendre tous les ressorts de sa puissance, à la mêler à toutes les intrigues diplomatiques, à accroître indéfiniment le nombre de ses fonctions parasites, ses forces de terre et de mer, à l’écraser d’impôts et de dettes, à élever un édifice toujours prêt à crouler, et si dispendieux que toute son énergie industrielle n’y pourrait suffire ; et tout cela pour poursuivre un but chimérique et absurde en lui-même, celui de vendre sans acheter, celui de donner sans recevoir, celui de nourrir et vêtir les peuples ruinés (comme le disait M. de Noailles)[1], c’est-à-dire, en définitive, celui de soumettre ses propres citoyens à un travail excessif et comparativement privé de rémunération effective.
Or, ce système spécieux mais faux, pourquoi ne provoquerait-il pas une réaction parmi les classes laborieuses d’Angleterre, puisque c’est sur elles qu’en devraient retomber à la longue les funestes conséquences ?
Et c’est là tout ce que nous disons. Nous soutenons, non-seulement parce que c’est une déduction rationnelle à notre point de vue, mais encore parce que c’est un fait qui crève les yeux, nous soutenons qu’il y a en Angleterre un parti nombreux, animé d’une foi économique précisément contraire à celle qui a dominé jusqu’ici dans les conseils de cette nation.
Nous affirmons que, par les efforts de ce parti, soutenu par le progrès des lumières et les leçons de l’expérience, l’Angleterre est amenée à changer du tout au tout son système commercial et par suite son système politique.
Nous disons qu’au lieu de chercher la richesse par l’ac-
- ↑ V. ci-après le no 37. (Note de l’éditeur.)