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C’est là que nous attendions nos adversaires, et c’est là qu’ils seront amenés. Déjà la dernière brochure émanée du comité Odier s’abstient de ces emportements haineux et colériques qui ne prouvent qu’une chose : c’est que ceux qui s’y livrent sentent la faiblesse de leur cause.

Cependant, n’avons-nous pas trop dédaigné les traits empoisonnés de la calomnie ? Il y a longtemps que Basile l’a dit : « Calomniez, calomniez, il en reste toujours quelque chose. »

Il en reste quelque chose, surtout quand, après avoir émis l’accusation, on a les moyens de la semer dans les ateliers où l’on sait bien que le démenti ne parviendra pas ; quand on s’est assuré le concours de plusieurs organes de la presse, de ceux qui comptent leurs abonnés par dizaines de mille ; quand on peut ainsi répéter un fait faux, le sachant faux, pendant plusieurs mois, tous les matins, imprimé en lettres majuscules.

Oh ! il faut avoir une bien grande foi dans la liberté de la discussion et le triomphe de la vérité, pour ne pas se sentir découragé à l’aspect de cette triple alliance entre la calomnie, le monopole et le journalisme.

Mais une circonstance qui seconde et rend plus dangereuse encore la machiavélique stratégie des monopoleurs, c’est que, lorsqu’ils cherchent à irriter le sentiment de la nationalité et à soulever les passions populaires contre l’Angleterre, ils s’adressent à un sentiment existant dans le pays, qui y a de profondes racines, qui s’explique, nous dirons même qui se justifie par l’histoire. Ils n’ont pas besoin de le faire naître ; il leur suffit de lui donner une mauvaise direction, de l’égarer dans une fausse voie. Nous croyons le moment venu de nous expliquer sur ce point délicat.

Une théorie, que nous croyons radicalement fausse, a dominé les esprits pendant des siècles, sous le nom de