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ture humaine ; et puisque, sous quelque régime que ce soit, la lutte et la guerre sont l’état naturel de l’homme, tous nos efforts sont infructueux et le progrès des lumières n’est qu’un mot. Le Moniteur industriel trouve cette réflexion ridicule, presque impertinente et surtout fort déclamatoire. Ne serait-ce point parce qu’il veut maintenir le monopole et l’exclusion ? Il est du moins bien clair que les accusations qu’il dirige contre nous sont parfaitement conséquentes avec ce dessein. Nous en conviendrons en toute franchise, si le Moniteur industriel parvient à nous prouver que la liberté des transactions doit mettre entre les nations le même esprit de jalousie et d’hostilité que le régime restrictif, nous renoncerons pour toujours à notre entreprise. Nous nous ferons un égoïsme rationnel pour nous y renfermer à jamais, nous efforçant, nous aussi, d’arracher, pour notre part, quelque lambeau de monopole à la législature. Nous lui demanderons d’imposer des taxes à nos concitoyens pour notre avantage, d’aller conquérir des nations lointaines et de les forcer d’acheter exclusivement nos produits à un prix qui nous satisfasse, de nous débarrasser au dedans et au dehors de toute concurrence importune, enfin, de mettre la fortune publique, les vaisseaux de nos ports, les canons de nos arsenaux et la vie de nos soldats au service de notre cupidité.

Il ne peut pas y avoir de recherche plus utile que celle des effets comparés de la liberté et de la restriction sur la politique extérieure des peuples et sur la paix du monde. Nous remercions le Moniteur Industriel de nous provoquer à nous y livrer souvent. C’est ce que nous ne manquerons pas de faire. Aujourd’hui nous nous bornerons à dire quelques mots sur la forme polémique dans laquelle notre antagoniste paraît décidé à persévérer. Nous pouvons d’autant plus nous abstenir de traiter la question de fond que nous l’avons fait dans un article de février, intitulé : De la