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cause du mal, et qui, bien loin d’en être la cause, en est l’effet et même le remède.

Si, pour rendre la comparaison plus exacte, on supposait qu’au lieu de se casser le bras, notre cordonnier a éprouvé un incendie, le raisonnement serait le même.

Mais enfin, où en veut venir la Presse ? à quoi conclut-elle ?

Veut-elle insinuer qu’on a eu tort d’ouvrir nos frontières ? il le semble à son langage. Mais alors qu’elle dise donc nettement que, pour un peuple, l’exportation des écus est pire que la famine. Elle pourra, sans se contredire, invoquer plus que jamais la restriction.

Approuve-t-elle l’ouverture des ports ? C’est dire qu’il valait mieux exporter des écus et importer du blé que mourir de faim ; mais en ce cas, et quand, grâce à la liberté, nous avons pu entre ces deux maux choisir le moindre, quelle inconséquence n’est-ce pas de lui attribuer le moindre mal qu’elle nous a permis de choisir, sans lui tenir compte du mal plus grand qu’elle nous a permis d’éviter[1] ?


29. — L’EMPEREUR DE RUSSIE.


8 Mai 1847.

Il est maintenant certain que l’empereur de Russie, renouvelant l’opération faite récemment avec la Banque de France, envoie une somme considérable à Londres pour y acheter des fonds étrangers.

Certains journaux voient là un acte de perfidie, d’autres un acte de munificence. Il n’y faut voir qu’une spéculation amenée par la nature des choses et l’empire des circonstances.

Un retour aussi prompt du numéraire envoyé en Russie,

  1. V. tome V, pages 336 et suiv.(Note de l’éditeur.)