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sommes pas surpris que beaucoup de personnes, à l’exemple du National, nous poussent à guerroyer contre l’octroi[1].

Mais, nous l’avons dit souvent, et nous serons forcés de le répéter bien des fois encore : La similitude, qu’on établit entre la douane et l’octroi, est plus apparente que réelle. Si ces deux institutions se ressemblent par leurs procédés, elles diffèrent par leur esprit : l’une gêne forcément et accidentellement les transactions, pour arriver à procurer aux villes un revenu ; l’autre interdit systématiquement l’échange, même alors qu’il pourrait procurer un revenu au trésor, considérant l’échange comme chose mauvaise en soi, de nature à appauvrir ceux qui le font.

Nous ne voulons pas nous faire ici les champions de l’octroi, mais enfin, personne ne peut dire qu’il a pour but d’interdire des échanges. Ceux qui l’ont institué, ceux qui le maintiennent, ne le considèrent que comme moyen de créer un revenu public aux villes. Tous déplorent qu’il ait pour effet de soumettre les transactions à des entraves gênantes, et de diminuer les consommations des citoyens. Cet effet n’est certainement pas l’objet qu’on a eu en vue. Jamais on n’a entendu dire : Il faut mettre un droit sur le bois à brûler, à l’entrée de Paris, à cette fin que les Parisiens se chauffent moins. On est d’accord que l’octroi a un bon et un mauvais côté ; que le bon côté c’est le revenu, et le mauvais côté, la restriction des consommations et des échanges. On ne peut donc pas dire que, dans la question de l’octroi, le principe du libre-échange soit engagé.

L’octroi est un impôt mauvais, mal établi, gênant, inégal, entaché d’une foule d’inconvénients et de vices, soit ; mais enfin c’est un impôt. Il ne coûte pas un centime au consommateur (sauf les frais de perception), qui ne soit dé-

  1. Voir notamment le no 3, page 7. (Note de l’éditeur.)