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lever le triste aveuglement de la polémique à la mode.

Admettant donc que le National regarde le libre-échange comme un bien, qu’il voudrait voir réaliser sur nos frontières et à nos barrières, il resterait à savoir pourquoi il s’en est montré depuis peu l’ardent adversaire. Peut-être pourrions-nous demander aussi pourquoi il subordonne la poursuite d’une bonne réforme au parti que d’autres croient devoir prendre sur une réforme de tout autre nature ?

Mais laissons de côté ces récriminations inutiles. Que le concours du National nous arrive ; nous l’accueillerons avec joie, convaincus qu’il n’y a pas de journal mieux placé pour jeter la bonne semence en bonne terre. Pour donner même au National la preuve que nous apprécierons son concours, nous allons lui expliquer pourquoi il nous est impossible, en tant qu’association, de combattre à ses côtés dans la lutte qu’il soutient contre l’octroi. Nous saisirons avec d’autant plus d’empressement cette occasion de nous expliquer là-dessus, que ce que nous avons à dire jettera, nous l’espérons, quelque lumière sur le but précis de notre association.

Il y a probablement cent réformes à faire dans notre pays et dans le seul département des finances : douane, hypothèques, postes, boissons, sel, octroi, etc., etc. ; le National nous accordera bien qu’une association ne s’engage pas à les poursuivre toutes, par cela seul qu’elle entreprend d’en obtenir une.

Cependant, au premier coup d’œil, il semble que notre titre : Libre-Échange, nous astreint à embrasser dans notre action la douane et l’octroi. Qu’est-ce que la douane ? un octroi national. Qu’est-ce que l’octroi ? une douane urbaine. L’une restreint les échanges aux frontières ; l’autre les entrave aux barrières. Mais il semble naturel d’affranchir les transactions que nous faisons entre nous, avant de songer à celles que nous faisons avec l’étranger ; et nous ne