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autre chose. Ne voyez-vous pas qu’il cherche, qu’il sollicite, qu’il implore un point d’appui ? et vous hésitez à le lui donner !

Plusieurs d’entre vous sont découragés. Ils disent : « L’intérêt général, parce qu’il est général, touche tout le monde, mais touche peu. Jamais il ne pourra se mesurer à l’intérêt privé. » — C’est une erreur. La vérité, la justice ont une force irrésistible. C’est l’esprit de doute qui la paralyse. — Pour l’honneur du pays, croyons que le bien public a encore la puissance de faire battre les cœurs.

Unissez-vous donc : agissez. À quoi servent les garanties conquises par tant de sacrifices ? À quoi servent les droits de parler, d’écrire, d’imprimer, de nous associer, de pétitionner, d’élire, si tous ces droits nous les laissons dans l’inertie ?

Je ne sais si je m’abuse, mais il me semble que quelque chose circule dans l’air qui annonce l’affranchissement commercial des peuples.

Ce n’est pas la tribune seulement qui a eu son débat théorique, il a envahi la presse quotidienne.

Quelle eût été, il y a quelques mois, l’attitude des journaux ? — Et voilà que le Courrier français, le Siècle, la Patrie, l’Époque, la Réforme, la Démocratie pacifique ont passé dans notre camp[1] ; et tout le monde a été frappé de l’orthodoxie et du ton de résolution qui règne dans le manifeste du Journal des Débats, habituellement si prudent et si mesuré.

Il est vrai que nous avons contre nous la Presse, l’Esprit public, le Commerce et le Constitutionnel. — Mais la Presse ne combat plus, depuis sa correspondance avec M. Blanqui, sur le terrain des principes. Elle veut la liberté, la justice ;

  1. L’auteur reconnut bientôt que quelques-unes des adhésions qu’il enregistre ici n’étaient ni solides ni complètes. (Note de l’éditeur.)