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bles qu’il ne paraît pas possible que l’on puisse songer à nous faire concurrence. Ce soir, il y a une junte pour étudier les statuts et conditions ; j’espère qu’au premier jour l’acte de société sera signé. Cela fait, peut-être rentrerai-je en France pour voir ma tante et assister à la session du conseil général. Si je le puis en quelque manière, je n’y manquerai pas. Mais j’aurai à revenir ensuite en Espagne, parce que la compagnie me fournira une occasion de faire un voyage complet et gratis. Jusqu’à présent, je ne puis pas dire que j’aie voyagé. Toujours avec mes deux compagnons, je ne suis entré, sauf les comptoirs, dans aucune maison espagnole. La chaleur a suspendu toutes les réunions publiques, bals, théâtres, courses. — Notre chambre et quelques bureaux, le restaurant français et la promenade au Prado, voilà le cercle dont nous ne sortons pas. Je voudrais prendre ma revanche plus tôt. Soustra part le 26 ; sa présence est nécessaire à Bayonne. Lis tout ceci à ma tante que j’embrasse bien tendrement.

Le trait le plus saillant du caractère espagnol, c’est sa haine et sa méfiance envers les étrangers. Je pense que c’est un véritable vice, mais il faut avouer qu’il est alimenté par la fatuité et la rouerie de beaucoup d’étrangers. Ceux-ci blâment et tournent tout en ridicule ; ils critiquent la cuisine, les meubles, les chambres et tous les usages du pays, parce qu’en effet les Espagnols tiennent très-peu au confortable de la vie ; mais nous qui savons, mon cher Félix, combien les individus, les familles, les nations peuvent être heureuses sans connaître ces sortes de jouissances matérielles, nous ne nous presserions pas de condamner l’Espagne. Ceux-là arriveront avec leurs poches pleines de plans et de projets absurdes, et parce qu’on ne s’arrache pas leurs actions, ils se dépitent et crient à l’ignorance, à la stupidité. Cette affluence de floueurs nous a fait d’abord beaucoup de tort, et en fera à toute bonne entreprise. Pour