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monies religieuses en Espagne ; mais hors de là je ne puis voir en quoi ce peuple est plus spiritualiste que les autres. C’est, du reste, une matière que nous traiterons au long à mon retour et quand j’aurai pu mieux observer.

Adieu, mon cher Félix, fais une visite à ma tante, donne-lui de mes nouvelles, et reçois l’assurance de ma tendre amitié.


Madrid, le 16 juillet 1840.

Mon cher Félix, je te remercie de tes bonnes lettres des 1er et 6 juillet ; ma tante aussi a eu soin de m’écrire, en sorte que jusqu’à présent j’ai souvent des nouvelles, et elles me sont bien nécessaires. Je ne puis pas dire que je m’ennuie, mais j’ai si peu l’habitude de vivre loin de chez moi que je ne suis heureux que les jours où je reçois des lettres.

Tu es sans doute curieux de savoir où nous en sommes avec notre compagnie d’assurance. J’ai maintenant comme la certitude que nous réussirons. Il faut beaucoup de temps pour attirer à nous les Espagnols dont le nom nous est nécessaire ; il en faudra beaucoup ensuite pour faire fonctionner une aussi vaste machine avec des gens inexpérimentés. Mais je suis convaincu que nous y parviendrons. La part que Soustra et moi devons avoir dans les bénéfices, comme créateurs, n’est pas réglée ; c’est une matière délicate que nous n’abordons pas, n’ayant ni l’un ni l’autre beaucoup d’audace sur ce chapitre. Aussi, nous nous en remettons à la décision du conseil d’administration. Ce sera pour moi un sujet d’expérience et d’observations. Voyons si ces Espagnols si méfiants, si réservés, si inabordables, sont justes et grands quand ils connaissent les gens. À cet article près, nos affaires marchent lentement, mais bien. Nous avons aujourd’hui ce qui est la clef de tout, neuf noms pour former un conseil, et des noms tellement connus et honora-