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MM. Laffitte, Audry-Puiraveau, Casimir Périer, Odier, Lobeau, Gérard, Schonen, Mauguin, Lafayette, commandant de la garde nationale, qui est de plus de quarante mille hommes. Ces gens-là pourraient se faire dictateurs ; tu verras qu’ils n’en feront rien pour faire enrager ceux qui ne croient ni au bon sens ni à la vertu.

Je ne m’étendrai pas sur les malheurs qu’ont déversés sur Paris ces horribles gardes prétoriennes, qu’on nomme gardes royales ; ces hommes avides de priviléges parcouraient les rues au nombre de seize régiments, égorgeant hommes, enfants et vieillards. On dit que deux mille étudiants y ont perdu la vie. Bayonne déplore la perte de plusieurs de ses enfants ; en revanche la gendarmerie, les Suisses et les gardes du corps ont été écrasés le lendemain. Cette fois l’infanterie de ligne, loin de rester neutre, s’est battue avec acharnement, et pour la nation. Mais nous n’avons pas moins à déplorer la perte de vingt mille frères, qui sont morts pour nous procurer la liberté et des bienfaits dont ils ne jouiront jamais. J’ai entendu à notre cercle[1] exprimer le vœu de ces affreux massacres ; celui qui les faisait doit être satisfait.

La nation était dirigée par une foule de députés et pairs de France, entre autres les généraux Sémélé, Gérard, Lafayette, Lobeau, etc., etc. Le despotisme avait confié sa cause à Marmont, qui, dit-on, a été tué.

L’École polytechnique a beaucoup souffert et bravement combattu.

Enfin, le calme est rétabli, il n’y a plus un seul soldat dans Paris ; et cette grande ville, après trois jours et trois nuits consécutives de massacres et d’horreurs, se gouverne elle-même et gouverne la France, comme si elle était aux mains d’hommes d’État

  1. C’est du cercle de Mugron qu’il s’agit. (Note de l’éditeur.)