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lais-Bourbon, d’y environner leur présence de précautions dictées par la plus simple prudence ?

Vous ne vous attendez pas à ce que je formule ici un projet de loi. Mais il me semble que le bon sens public sanctionnerait une mesure conçue à peu près en ces termes :

« Tous les Français, sans distinction de profession, sont éligibles (sauf les cas exceptionnels où une position officielle élevée fait supposer une influence directe sur les suffrages : préfets, etc.).

Tous les députés reçoivent une indemnité convenable et uniforme.

Les fonctionnaires nommés députés résigneront leurs fonctions, pour tout le temps que durera leur mandat. Ils ne recevront pas de traitement ; ils ne pourront être ni destitués ni avancés. En un mot, leur vie administrative sera entièrement suspendue pour ne recommencer qu’après l’expiration de leur mission législative.

Aucun député ne pourra être appelé à une fonction publique. »

Et enfin, bien loin d’admettre, comme MM. Gauguier, Rumilly, Thiers et autres, qu’une exception sera faite au principe de l’incompatibilité, en faveur des ministères, des ambassades et de tout ce que l’on nomme situations politiques, ce sont celles-là surtout que je voudrais exclure, sans pitié et en première ligne ; car il est évident pour moi que ce sont les aspirants ambassadeurs et les aspirants ministres qui troublent le monde. Sans vouloir le moins du monde offenser les coryphées de la réforme parlementaire, qui ont proposé une telle exception, j’ose dire qu’ils n’aperçoivent pas ou ne veulent pas apercevoir la millionième partie des maux qui résultent de l’admissibilité des députés aux fonctions publiques ; que leur prétendue réforme ne réforme rien, et qu’elle n’est qu’une mesure mesquine,