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nature même de ces deux ordres de fonctions qui en fait l’incompatibilité. Ne trouveriez-vous pas plaisant que M. le Ministre la fondât sur le symbole religieux, la longueur du nez ou la couleur des cheveux ? L’analogie que vous me proposez est de cette force.

« Je trouve qu’il faut des motifs bien graves, bien patents, bien avérés pour demander une exception contre quelqu’un. En général, cette pensée est mauvaise et rétrograde. »

Entendez-vous faire la satire de la Charte ? Elle prononce l’exclusion de quiconque ne paye pas 500 fr. d’impôts sur le simple soupçon que, qui n’a pas de fortune, n’a pas d’indépendance. Ne me conformé-je pas à son esprit, lorsque, n’ayant qu’un suffrage à donner et forcé d’excepter tous les candidats, hors un, je laisse dans l’exception celui qui, ayant de la fortune, peut-être, mais la tenant du ministre, me semble plus dépendant que s’il n’en avait pas ?

« Je suis pour l’axiome progressif : Sunt favores ampliandi, sunt odia restringenda. »

Sunt favores ampliandi ! Ah ! monsieur, je crains bien qu’il n’y ait que trop de gens de ce système. Quoi qu’il en soit, je demande si la députation est faite pour les députés ou pour le public. Si c’est pour le public, montrez-moi donc ce qu’il gagne à y envoyer des fonctionnaires. Je vois bien que cela tend à élargir le budget, mais non sans restreindre les ressources des contribuables.

Sunt odia restringenda ! Les fonctions et les dépenses inutiles, voilà les odia qu’il s’agit de restreindre. Dites-moi donc comment on peut l’attendre de ceux qui remplissent les unes et engloutissent les autres ?

Toutefois, il est un point sur lequel nous serons d’accord. C’est l’extension des droits électoraux. À moins que vous ne les rangiez parmi les odia restringenda, il faut bien que vous les mettiez au nombre des favores ampliandi, et