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vrons consommer (passez-moi ce langage un peu trop technique), ainsi que la rémunération qui y sera attachée. C’est pourquoi, à ce qu’il me semble, il appartient à ceux en faveur de qui et aux dépens de qui ce genre de services est établi, d’agréer au moins la loi qui en détermine l’objet, l’étendue et le salaire. Si le domaine de la coiffure était régi par la loi, et si nous laissions aux perruquiers le soin de la faire, il est à croire (sans vouloir froisser ici la susceptibilité de MM. les perruquiers, sans montrer une tendance au soupçon peu libérale, et raisonnant d’après la connaissance que l’on peut avoir du cœur humain), il est à croire, dis-je, que nous serions bientôt coiffés outre mesure, jusqu’à en être tyrannisés, jusqu’à épuisement de nos bourses. De même, lorsque MM. les électeurs font faire les lois qui règlent la production et la rémunération de la sécurité ou de tout autre produit gouvernemental, par les fonctionnaires qui vivent de ce travail, il me paraît incontestable qu’ils s’exposent à être administrés et imposés au delà de toute mesure raisonnable.

Poursuivi par l’idée que nous obéissons à une tendance au soupçon peu libérale, vous ajoutez :

« Dans des époques d’intolérance, on aurait dit aux candidats : Ne sois ni protestant ni juif ; aujourd’hui on dit : Ne sois pas fonctionnaire. »

Alors on aurait été absurde, aujourd’hui on est conséquent. Juifs, protestants et catholiques, régis par les mêmes lois, payant les mêmes impôts, nous les votons au même titre. Comment le symbole religieux serait-il un motif soutenable d’exclusion pour l’un d’entre nous ? Mais quant à ceux qui appliquent la loi et vivent de l’impôt, l’interdiction de les voter n’a rien d’arbitraire. L’administration elle-même agit selon ce principe et témoigne ainsi qu’il est conforme au bon sens. M. Lacave-Laplagne ne fait pas inspecter la comptabilité par les comptables. Ce n’est pas lui, c’est la