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quantité que j’en dois prendre et le prix que je dois y mettre. Ce n’est pas des fonctionnaires que je me défie, c’est du cœur humain ; et je puis estimer les hommes qui vivent sur les impôts tout en les croyant peu propres à les voter, tout comme M. Larnac estime probablement les juges, tout en regardant leurs fonctions comme incompatibles avec le service de la garde nationale.

On a aussi présenté ces vues de réforme parlementaire comme entachées d’un radicalisme outré.

J’avais cependant eu soin de préciser que, dans ma pensée, elle est plus nécessaire encore à la stabilité du pouvoir qu’à la sauvegarde de nos libertés. Les hommes les plus dangereux à la Chambre, disais-je, ne sont pas les fonctionnaires, mais ceux qui aspirent à le devenir. Ceux-là sont entraînés à faire au cabinet, quel qu’il soit, une guerre incessante, tracassière, factieuse, sans aucune utilité pour le pays ; ceux là exploitent les événements, faussent les questions, égarent l’esprit public, entravent les affaires, troublent le monde, car ils n’ont qu’une pensée : renverser les ministres pour se mettre à leur place. Pour nier cette vérité, il faudrait n’avoir jamais ouvert les yeux sur les annales de la Grande-Bretagne, il faudrait repousser volontairement les enseignements de notre histoire constitutionnelle tout entière.

Ceci me ramène à la pensée fondamentale de cette adresse, car vous voyez que l’opposition peut-être conçue sous deux aspects très-différents.

L’opposition, telle qu’elle est, résultat infaillible de l’admissibilité des députés au pouvoir, c’est l’effort désordonné des ambitions. Elle attaque violemment les hommes et mollement les abus ; c’est tout simple, puisque les abus composent la plus grande part de l’héritage qu’elle s’efforce de recueillir. Elle ne songe pas à circonscrire le domaine administratif. Elle se donnerait bien garde de supprimer