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Il ne consiste pas à le décréditer, à l’avilir dans l’opinion, à le priver des forces dont il a besoin.

Il ne consiste pas à le faire passer de main en main, par des changements de ministères, et, encore moins, de dynasties.

Il ne consiste même pas à déclamer puérilement contre sa tendance envahissante ; car cette tendance est fatale, irrémédiable, et se manifesterait sous un président comme sous un roi, dans une république comme dans une monarchie.

Il consiste uniquement à le contenir dans ses limites ; à maintenir, dans toute son intégrité et aussi vaste que possible, le domaine de la liberté et de l’activité privée.

Si donc vous me demandiez : Que feriez-vous comme député ? je répondrais : Eh ! mon Dieu, ce que vous feriez vous-même en tant que contribuables et administrés.

Je dirais au pouvoir : Manquez-vous de force pour maintenir l’ordre au dedans et l’indépendance au dehors ? Voilà de l’argent et des hommes, car c’est au public et non au pouvoir que l’ordre et l’indépendance profitent.

Mais prétendez-vous nous imposer un symbole religieux, une théorie philosophique, un système d’enseignement, une méthode agricole, un courant commercial, une conquête militaire ? Point d’argent ni d’agents ; car ici, il nous faudrait payer non pour être servis mais asservis, non pour conserver notre liberté mais pour la perdre.

Cette doctrine se résume en ces simples mots : Tout pour la masse des citoyens grands et petits. Dans leur intérêt, bonne administration publique en ce qui, par malheur, ne se peut exécuter autrement. Dans leur intérêt encore, liberté pleine et entière pour tout le reste, sous la surveillance de l’autorité sociale.

Une chose vous frappera, messieurs, comme elle me frappe, et c’est celle-ci ; pour qu’un député puisse tenir ce