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force ; cela est vrai. Mais un bon gouvernement, loin de gêner en rien la liberté véritable, peut en favoriser le développement… ; il ne s’agit donc pas d’amoindrir ou de supprimer le pouvoir, mais de lui donner une bonne organisation. »

C’est fort bien. Mais qui est-ce qui organisera le pouvoir ? La société sans doute. — Point du tout, puisque c’est le pouvoir qui doit organiser la société. — J’entends ; M. Vidal, ou tout autre socialiste qui préfère, désire, conçoit ou rêve, organisera le pouvoir, lequel organisera la société. Reste toujours à savoir comment est organisé le premier organisateur.

Il y a, dans le livre de M. Vidal, un chapitre vers lequel on se sent attiré par la séduction du titre : Conclusion pratique. Il y a si longtemps que nous désirons voir les socialistes formuler une conclusion ! Enfin, me disais-je, la nouvelle invention sociale va nous être déroulée dans tous ses détails, avec les moyens d’exécution propres à faire fonctionner l’appareil.

Malheureusement M. Vidal, se fondant sur ce que nous ne sommes pas en état de le comprendre, ne nous dit rien.

La société actuelle est une masure que nous refusons obstinément d’abandonner. Il a bien dans sa poche le plan de constructions nouvelles ; mais à quoi bon nous les montrer, puisque nous ne voulons pas en entendre parler, et que nous nous obstinons à maintenir la maison délabrée, l’édifice vermoulu ? Il n’y a donc pas pour aujourd’hui de restauration possible. Reste tout au plus à placer des arcs-boutants au dehors et à gâcher du plâtre dans les crevasses.

Notre obstination nous prive donc de l’avantage de connaître le nouvel appareil social imaginé par M. Vidal. Tout ce qu’il nous laissera voir, ce sont quelques étançons et un peu de plâtre, qu’il veut bien appliquer à retarder la chute du vieil édifice.